Les manifestations politiques en Guinée ont coûté la vie à plusieurs citoyens guinéens. Ces derniers temps, plus d’une centaine de morts est évoquée sans que les auteurs ne soient identifiés avant d’espérer un quelconque jugement. Généralement les victimes sont comptés dans les rangs de l’opposition politique.

Cette dernière n’hésite pas d’ailleurs à pointer un doigt accusateur vers le pouvoir et les forces de sécurité et de défense, qu’elle accable d’opérer des exactions et de tirer à balles réelles sur les manifestants.

Le ministre de la sécurité et de la protection civile pour sa part ne soutient pas ces accusations et a récemment tenté de défendre la position de l’Etat en expliquant les difficultés auxquelles se heurte la manifestation de la vérité. Il l’a fait dans une récente interview par visioconférence accordée à Guineenews.

Damantang Albert Camara indique que les enquêtes entreprises ne prouvent en aucun cas que ces cruautés sont commises par des dépositaires de la violence légitime (policiers, gendarmes et militaires). Il estime, sans pour autant situer la responsabilité, que ces tueries s’apparente à des « exécutions ».

« Avec les enquêtes qui sont menées, quand vous prenez les victimes, elles sont toutes enregistrées en dehors du périmètre de la marche, même lorsqu’il y a des violences. Sur tout l’itinéraire il n’y a aucun mort, des fois même pas de blessés. Quelques temps après la marche vous entendez qu’à 3, 4, 5, 10 km de là, quelqu’un a été tué, il a reçu une balle de manière froide comme si c’était une exécution, une autre personne à un autre endroit et ainsi de suite. Effectivement ça nous pose des questions. Ces gens qui sont tués, apparemment ils ne sont même pas dépouillés de leurs biens. Ce sont des exécutions, et effectivement ça nous interpelle. Mais je le dis et je le répète, sur le périmètre et le dispositif mis en place pour gérer les manifestations, les agents ne sont pas armés. Quelques rares fois où cela a été constaté, ces gens là ont été sanctionnés sévèrement (…) Le principe c’est qu’on ne doit pas tirer sur les manifestants », déclare-t-il.

Selon le ministre, les preuves ne sont pas suffisantes pour incriminer des agents, et quelques fois n’existent même pas. Il précise que les rares fois où des agents ont été reconnus coupables, ces derniers ont été condamnés par la justice. 

« Aucun juge ne va condamner quelqu’un s’il n’en a pas les preuves. Il y a eu deux cas où un policier et un gendarme ont été condamnés, parce qu’ils ont été confondus en flagrant délit. Dans le reste des cas, vous n’avez pas de preuves, vous n’avez même pas de témoignages concordants. Comment voulez-vous condamner et que vous jetiez la faute sur un policier. On a des témoignages épars, mais ne permettant pas d’aboutir à la vérité. Nous n’avons aucun intérêt à couvrir un gendarme, un militaire ou un policier qui s’adonnerait à de l’exaction, au contraire, mais on ne peut pas non plus condamner quelqu’un lorsqu’on n’a pas la preuve qu’il a commis ce qu’on lui reproche », a-t-il souligné.

Abdoulaye Kaba